L'héritier du trône libyen en exil à Londres
Mohammed al-Sanusi affirme discuter avec tous, sauf les islamistes armés. (Crédits photo: Jean-Christophe Marmara/Le Figaro)
[ LE Figaro ] L'héritier du roi Idriss Ier, renversé par Kadhafi il y a quarante-deux ans, se considère comme un point de ralliement possible, «une ombrelle pour tous les groupes d'opposition».
De Londres, il regarde à la télévision les insurgés libyens brandir son drapeau, la bannière rouge, noire et verte frappée de l'étoile et du croissant, celle de la monarchie libyenne. Mohammed al-Sanusi, 51 ans, héritier du trône de Libye,
De Londres, il regarde à la télévision les insurgés libyens brandir son drapeau, la bannière rouge, noire et verte frappée de l'étoile et du croissant, celle de la monarchie libyenne. Mohammed al-Sanusi, 51 ans, héritier du trône de Libye,
souhaite le départ de celui qui, jeune capitaine, avait renversé son grand-oncle le roi Idriss Ier il y a quarante-deux ans. «Son combat pour rester au pouvoir ne sera pas de longue durée en raison de la volonté de liberté du peuple libyen. Cette grande révolution populaire finira par être victorieuse, grâce à l'unité du peuple libyen», dit-il dans un communiqué. Rêve-t-il de monter sur le trône? Rencontrant Le Figaro à Paris en décembre 2007, il laissait la porte entrouverte: «Je me bats d'abord pour l'histoire, pour faire respecter le nom ma famille. Si dans l'avenir les Libyens choisissent la monarchie, je suis là. S'ils font un autre choix, je le respecterai.» Mohammed al-Sanusi s'était installé dans un hôtel parisien à 300 mètres de la tente de Kadhafi, alors en visite officielle à Paris.
Comme à son habitude, l'héritier, un homme à la voix douce, portant une barbe courte et vêtu d'un costume sombre bien coupé, tentait de faire entendre sa voix là où l'on recevait en grande pompe le Guide de la révolution. Sans grand succès, à l'époque. Entre lui et le régime de Kadhafi, il n'y avait pas de place pour le pardon. Il disait avoir été menacé, sur les Champs-Élysées, par des sbires du Guide qui l'avaient reconnu. Il se souvenait d'avoir vu son père, Hassan Reda, signer à la télévision libyenne l'acte de décès de la monarchie, tandis que le roi Idriss Ier était à l'étranger. «Mon père m'a expliqué ensuite qu'on lui avait mis un pistolet sur la tempe», racontait-il.
Après deux ans de prison, Hassan Reda et sa famille avaient vécu en résidence surveillée à Tripoli, jusqu'à cette nuit de 1984 où des militants des comités révolutionnaires les ont fait sortir pour brûler leur maison. Dans son exil de Londres, Mohammed al-Sanusi se considère comme un point de ralliement possible, «une ombrelle pour tous les groupes d'opposition». Il affirme discuter avec tous, sauf les islamistes armés. Il offre à ses visiteurs le texte de la première Constitution, celle de 1951, instaurant une monarchie constitutionnelle.
Rigorisme religieux
Quel est aujourd'hui son impact en Libye? La résurgence du drapeau ne signifie pas l'adhésion à la royauté, mais plus simplement le désir de remplacer celui de Kadhafi, entièrement vert. L'absence de toute vie politique depuis quarante-deux ans rend difficile la mesure de la popularité de l'idée monarchique. Le prestige des Sanusi reste pourtant encore vivace, surtout dans les régions libérées de l'Est, car la maison royale était aussi à la tête d'une confrérie religieuse et combattante, les Senousis. Présente dans plusieurs pays de la région, elle fit la guerre aux puissances coloniales, y compris aux Français au Tchad. Rigoriste sur le plan religieux, la confrérie revendique un retour aux principes fondamentaux de l'islam, non sans ressemblance avec le wahhabisme saoudien, sans toutefois en atteindre les extrêmes. Kadhafi s'en méfiait au point d'avoir transformé en caserne l'ancien siège des Senousis à Koufra, pour éradiquer sa mémoire. «Mais il reste dans ces régions une nostalgie de la confrérie, transmise de génération en génération jusqu'à la jeunesse actuelle», dit le chercheur français Olivier Pliez, qui a vécu en Libye. Il faudra sans doute attendre la libération de toute la Libye pour savoir si la nostalgie y a un avenir.
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