Maroc-Algérie : le règne du statu quo


[Le Soir-Echos] Entre Alger et Rabat, le statu quo dicte encore sa loi. Les frontières restent fermées et la coopération sécuritaire entre les deux pays est à son plus bas niveau.

A quelques semaines de la réunion du Conseil de sécurité consacrée à l’examen de la question du Sahara, la position de l’Algérie semble prendre un chemin auquel elle n’est pas habituée : les récentes déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, Morad Medelci, à la chaîne France 24 montrent en effet que la diplomatie algérienne se serait débarrassée de cette rigidité patente pour tout ce qui touche de loin ou de près le Maroc.

Durant l’entretien télévisé, Medelci a annoncé que le bal des visites des ministres algériens vers le Maroc allait commencer, avec à la clé et dès le mois de mars, le déplacement de trois ministres du gouvernement d’Ahmed Ouyahya. La déclaration de Medelci est à prendre avec des pincettes quand on sait que Taïb Fassi Fihri a récemment affiché ouvertement son pessimisme quant à une éventuelle normalisation des relations entre les deux pays. Le chef de la dipomatie marocaine s’était contenté d’annoncer, sur la chaîne Al Oula, la rencontre prochaine entre responsables marocains et algériens, mais à un niveau plus bas. En clair : pas de réunions prévues entre les ministres de l’Intérieur ou ceux des Affaires étrangères. 

La «nouvelle dynamique» évoquée par Morad Medelci dans son entretien serait-elle un simple effet d’annonce, puisque ce n’est pas la première fois qu’un responsable algérien se lance dans ce genre de déclarations ? 

A moins que les conjonctures régionale et internationale ne dictent leurs agendas et imposent aux Algériens un rapprochement avec le Maroc, au moins sur les dossiers économiques. Un rapprochement qui aboutirait à terme à la création d’un marché maghrébin commun comme ne cessent de le réclamer les Américains et les Européens. 

Le niet de Medelci

Jeudi 24 février, le sous-secrétaire d’État américain aux Affaires politiques, William Burns, a effectué une visite officielle en Algérie où il s’est entretenu avec le président Abdelaziz Bouteflika et Morad Medelci. Commentant les révolutions en Tunisie et en Égypte, il a déclaré à la presse locale que les peuples de la région «sont en quête de liberté, de dignité et d’opportunités. La consécration de ces aspirations prendra des formes différentes selon les sociétés…Nous souhaitons que la réponse à ces aspirations soit la plus ouverte, la plus sérieuse, la plus claire et la plus rapide possible». 

Un message on ne peut plus clair, au moment où le gouvernement algérien annonçait la fin de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1992. En Tunisie, le diplomate américain a tenu des propos qui cadrent parfaitement avec l’approche américaine au Maghreb et qui relève de la fameuse initiative Eizenstat. Lancé pendant le premier mandat de Bill Clinton à la Maison Blanche, ce projet de partenariat américain pour les opportunités d’affaires s’adresse à un marché de plus 80 millions de consommateurs. Un objectif difficile à réaliser tant que la frontière maroco-algérienne demeure fermée (depuis 1994), sans espoir de réouverture dans l’immédiat. 

Dans un autre entretien accordé au quotidien El Pais et rapporté par le très officiel journal algérien El Moujahid, Morad Medelci a affirmé que «l´Algérie maintient sa frontière fermée avec le Maroc». Une situation qui envenime davantage les relations entre les deux pays, très secouées par le conflit du Sahara. 

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