Résumé : la contestation au Moyen-Orient et dans le monde arabe, pays par pays (Algérie, Bahreïn, Egypte, Irak, Iran, Jordanie, Libye, Maroc, Soudan , Syrie, Tunisie, Yémen)


Challenges.fr : Le point sur la contestation au Moyen-Orient et dans le monde arabe, pays par pays, alors que l'onde de choc née en Tunisie, puis en Egypte, ne cesse d'avoir des répercussions.

(c) AFP
Voici la situation au Moyen-Orient et dans le monde arabe, pays par pays, lundi 21 février, alors que l'onde de choc née en Tunisie, puis en Egypte, ne cesse d'avoir des répercussions.

En Algérie: Une dizaine de personnes ont été blessées samedi lors d'une tentative de marche, réprimée par d'importantes forces de l'ordre, contre le régime dans le centre d'Alger. Mais un député présenté par l'opposition comme "grièvement blessé" a pu quitter l'hôpital dans la soirée.


A Bahreïn: L'opposant chiite en exil Hassan Machaimaa, actuellement jugé par contumace pour terrorisme, a annoncé à l'AFP depuis Londres qu'il rentrerait mardi à Bahreïn. Des manifestations réclament une libéralisation du système politique, dominé par la monarchie sunnite et dont la majorité chiite de la population se dit exclue. Des centaines de protestataires ont passé une nuit sans encombres sur la place de la Perle, dans le centre de Manama, reconquise après le retrait samedi de l'armée et de la police. L'union générale des syndicats de Bahreïn a levé son mot d'ordre de grève générale, estimant que ses demandes d'un retrait de l'armée et du droit de manifester ont été satisfaites. L'agence de notation Standard and Poor's a elle abaissé d'un cran lundi la note de Bahreïn, passée de A à A-, tout en prévenant qu'elle pourrait l'abaisser de nouveau au vu du "risque politique élevé" auquel est confronté cet Etat du Golfe.

En Egypte: Le Premier ministre britannique David Cameron est arrivé lundi au Caire pour la première visite d'un dirigeant étranger depuis la démission du président Hosni Moubarak. Les banques égyptiennes ont rouvert dimanche et les ouvriers de la Misr Filature et Tissage, la plus grande usine d'Egypte, ont repris le travail le même jour. Des milliers de personnes se sont rassemblées vendredi place Tharir pour fêter la chute d'Hosni Moubarak, alors que les tour-opérateurs français annoncent une reprise des voyages dès le 22 février vers les grands centres touristiques, après la levée des restrictions par le gouvernement. 3 officiers de police en poste à Alexandrie vont être interrogés après avoir été mis en cause par des témoins pour avoir tiré le 28 janvier à balles réelles sur des manifestants. Par ailleurs, les avoirs en Suisse de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak et de son entourage se comptent en "dizaines de millions de francs" suisses une semaine après l'annonce de leur gel par la Confédération. 3 anciens ministres égyptiens, dont celui de l'Intérieur Habib el-Adli, et le magnat de l'acier Ahmad Ezz ont en outre été arrêtés et placés jeudi en détention provisoire sur ordre du Parquet général. Tous 3 sont accusés de détournement de fonds publics. L'ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli a lui aussi été placé en détention provisoire pour 15 jours "pour blanchiment d'argent". Plusieurs anciens ministres et responsables égyptiens ont été interdits de quitter l'Egypte et ont vu leurs comptes gelés sur ordre du Parquet général pendant le soulèvement populaire qui a provoqué la chute du président Hosni Moubarak le 11 février. Environ 365 personnes ont été tuées et 5.500 blessées durant les 18 jours de manifestations à travers l'Egypte. Quant à l'ancien président, il "ne va pas bien, a baissé les bras et veut mourir à Charm-el-Cheikh", selon un responsable saoudien qui a pu s'entretenir avec lui.

En Irak: Un adolescent a été tué et 48 manifestants blessés dimanche soir dans des affrontements avec les forces de l'ordre à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien, théâtre d'incidents meurtriers depuis cinq jours.

En Iran: A Téhéran, les forces de l'ordre se sont largement déployées alors que des partisans de l'opposition tentaient de se rassembler en divers points pour commémorer le septième jour après la mort de deux jeunes tués lors d'une manifestation le 14 février, selon des sites d'opposition et des témoins. Faezeh Hachemi, la fille de l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, a été interpellée dimanche après-midi alors qu'elle "lançait des slogans provocateurs" pour pousser les gens à manifester, avant d'être libérée un peu plus tard. Ces rassemblements, les premiers depuis un an, ont lieu à l'appel notamment des deux principaux leaders de l'opposition réformatrice, l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi et l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi.

En Jordanie: 8 personnes ont été blessées à Amman lorsque des partisans du gouvernement ont attaqué une manifestation de plusieurs centaines de jeunes appelant à des réformes politiques.

En Libye: Plusieurs villes libyennes, dont Benghazi et Syrte, sont tombées aux mains des manifestants à la suite de défections dans l'armée, a affirmé lundi la Fédération internationale des ligues de droits de l'Homme (FIDH), qui avance un bilan de 300 à 400 morts depuis le début du soulèvement Soixante et une personnes ont trouvé la mort dans des affrontements à Tripoli ces dernières heures alors que la ville a basculé dans la contestation, rapporte lundi la chaîne Al Djazira. La Salle du peuple, bâtiment où siège le Congrès général du peuple, l'équivalent du parlement, était la proie des flammes dans la matinée.

Selon un dernier bilan publié lundi par l'ONG Human Rights Watch, les violences lors des manifestations contre le pouvoir ont fait au moins 233 morts depuis le 17 février, dont 60 pour la seule journée de dimanche dans la ville de Benghazi. Quelque 500 Libyens ont envahi et pillé lundi un chantier de construction sud-coréen près de Tripoli, faisant des blessés parmi les ouvriers bangladeshis et les Sud-coréens. Le siège d'une télévision et d'une radio publiques ont été également saccagés la veille par des manifestants à Tripoli où des postes de polices et des locaux des comités révolutionnaires ont été incendiés. Les ulémas ont prohibé le recours à la force contre les manifestants. Un des fils du colonel Mouammar Kadhafi, Seïf Al-Islam, a affirmé dimanche soir dans une allocution télévisée que le peuple devait choisir soit de construire une "nouvelle Libye" soit de plonger dans la "guerre civile". Il a d'autre part évoqué un complot étranger. Le représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue arabe, Abdel Moneim al-Honi, a annoncé dimanche soir au Caire qu'il démissionnait de son poste pour rejoindre "la révolution" et protester contre la "violence contre les manifestants" dans son pays. L'UE a appelé dimanche soir le colonel Kadhafi à répondre aux aspirations "légitimes" de son peuple et à cesser de réprimer dans le sang les manifestations, en dépit des menaces de Tripoli envers l'Europe d'ouvrir les vannes de l'immigration clandestine. L'Union européenne envisage d'évacuer ses citoyens. La France encourage ses quelque 750 ressortissants à rentrer mais n'envisage pas pour l'instant leur évacuation. BP a fait savoir qu'il se préparait à évacuer sous 48 heures une partie de son personnel. La compagnie pétrolière norvégienne Statoil a commencé à évacuer ses quelques expatriés. Alors que les liens économiques sont étroits entre l'Italie et la Libye, les entreprises italiennes présentes dans ce pays ou dont Tripoli est actionnaire chutaient lundi à la Bourse de Milan, notamment le pétrolier ENI, la banque UniCredit ou le groupe de défense Finmeccanica. Le gouvernement portugais a annoncé l'envoi d'un avion pour rapatrier ses ressortissants et des citoyens d'autres pays de l'Union européenne.

Plus de 2.300 Tunisiens vivant en Libye ont quitté le pays depuis dimanche pour des raisons de sécurité, selon l'agence officielle Tap.


Au Maroc: 5 personnes ont trouvé la mort et 128 ont été blessées --dont cent quinze membres des forces de l'ordre-- lors de troubles ayant suivi les manifestations. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Casablanca et à Rabat pour réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi. "Liberté, dignité, justice", scandaient des manifestants à Casablanca. Des incidents se sont produits à l'issue de rassemblements à Marrakech (sud) et à Larache (nord), où des personnes étrangères à la manifestation ont pillé des magasins et attaqué des édifices publics, selon des sources concordantes.

Au Soudan: Le président Omar el-Béchir a indiqué lundi qu'il ne briguera pas un autre mandat lors de la prochaine élection présidentielle, selon un responsable du Parti national du Congrès (au pouvoir).

En Syrie: Selon un site d'opposition all4Syria.info, qui émet de Dubaï, plus d'une centaine de Syriens ont manifesté jeudi à Damas contre la brutalité policière.

En Tunisie: Le gouvernement de transition a nommé lundi Mouldi Kefi au poste de ministre des Affaires étrangères. Tunis a demandé dimanche à Ryad l'extradition du président déchu Ben Ali, accusé d'être impliqué "dans plusieurs crimes graves", et a réclamé des informations sur son état de santé ou "son décès éventuel". Des milliers de Tunisiens ont manifesté le même jour dans Tunis pour réclamer la démission du gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, après une nouvelle semaine d'instabilité marquée par le meurtre d'un prêtre polonais à la mémoire duquel une messe a été célébrée. Des centaines d'autres Tunisiens ont quitté dimanche la Libye par le poste-frontière de Ras-Jdir pour se réfugier dans leur pays et fuir "un vrai carnage". Plus de 2.300 Tunisiens au total ont quitté ce pays depuis dimanche.

Au Yémen: Des dizaines de milliers de chiites ont participé lundi à Saada, dans le nord, à une manifestation demandant la chute du régime. Le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il ne partirait "que par les urnes", alors que la contestation populaire contre lui s'amplifie. Des milliers de personnes étaient rassemblées lundi matin devant l'Université de Sanaa dans un sit-in pour exiger la chute du régime. Un manifestant antigouvernemental a été tué par des tirs des forces de sécurité lundi à l'aube à Aden, principale ville du sud du Yémen. Ce décès porte à 12 le nombre de manifestants tués depuis le début le 16 février d'émeutes quotidiennes dans cette ville. L'opposition parlementaire a annoncé dimanche qu'elle se joignait au mouvement de protestation mené notamment par des étudiants contre le régime, affirmant qu'elle ne reprendrait pas le dialogue avec le gouvernement sous la menace des armes. Hassan Baoum, principale figure de la contestation sudiste, a été arrêté après son arrivée à Aden, où il comptait participer au mouvement. Plusieurs centaines d'étudiants ont en revanche manifesté devant le campus de l'Université de Sanaa sans être inquiétés par les partisans du pouvoir tenus à l'écart par la police.



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