Discours Royal : les Réactions des politiques
[Le Matin] Abbas El Fassi, Premier ministre : «Le socle non seulement d'une évolution mais d'une révolution»
Joint par téléphone, et dans une réaction à chaud suite au discours de S.M. le Roi, Abbas El Fassi a tenu de prime abord à relever le caractère historique du discours royal. Le Premier ministre a insisté, notamment, sur les mesures annoncées par le Souverain, notamment la révision constitutionnelle. Pour le secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, il s'agira d'une nouvelle Constitution. D'autant plus qu'elle devra comporter des avancées notables, dont la constitutionnalisation d'un certain nombre d'instances et institutions, le changement des attributions et de la composition de la deuxième Chambre, la séparation des pouvoirs, ainsi que l'élargissement des prérogatives du Premier ministre, etc. Autant d'éléments, estime le secrétaire général du parti de la balance, qui constituent le socle non seulement d'une évolution, mais d'une révolution. Qui plus est démontre que le Royaume est passé à la vitesse grand V en termes de réformes.
Latifa Bennani Smirès (Pl) : «Annonce très importante et positive»
«Ma réaction vis-à-vis du discours royal ne peut être que positive. L'annonce par Sa Majesté d'une réforme de la Constitution vient à un moment où le Maroc a réellement besoin d'une réforme constitutionnelle. La régionalisation, l'amazigh, les droits de l'Homme, l'environnement, l'indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs sont autant de dossiers qui nécessitaient une révision de la Constitution. L'ouverture de ce chantier vient comme une réponse favorable aux demandes émanant de toutes les forces vives de la nation et les partis politiques. De même, l'ouverture d'un débat national avant la réforme est une chose essentielle. Cela veut dire que les réformes annoncées par Sa Majesté le Roi vont émaner du peuple. Je pense que l'annonce de telles mesures dans la conjoncture actuelle est à la fois très importante et positive».
Lahcen Daoudi (PJD) : «Les partis doivent faire leurs révolutions internes»
«Je ne sais pas si après le discours de S.M. le Roi, il reste encore une revendication à exprimer. Tout a été dit. C'est une réforme globale et nous en sommes très satisfaits au sein du PJD. J'espère que les partis feront leurs révolutions internes pour accompagner le Maroc dans ces réformes qui vont entrer le pays dans la cour des grands. C'est aussi la spécificité marocaine. Pas besoin de descendre dans la rue pour arracher des réformes. Le Roi a tout fait».
Abdelkrim Benatiq (PT) : «L'approche royale est révolutionnaire»
«Le discours royal a répondu à toutes les attentes et questions des Marocains. C'est une approche révolutionnaire qui vient de satisfaire toutes les revendications exprimées par la gauche depuis 1959. Et ce sur un ton clair et avec des délais précis. La balle est aujourd'hui dans le camp de la société dont les acteurs politiques et surtout les jeunes qui doivent se mobiliser pour être partie prenante du changement. Ils peuvent le faire en participant aux élections. Le Roi a donné des signaux forts selon lesquels le citoyen incarne la réelle équation du développement. Le discours est une exception dans l'histoire du Maroc. C'est la première fois qu'un Roi prenne des décisions audacieuses, courageuses et capables d'agir sur l'avenir».
Mohamed Darif, politologue : «Les règles du jeu sont clarifiées»
«Le discours royal incarne un tournant dans l'histoire du Maroc. Pour la première fois, nous sommes devant des choix clairs sur lesquels s'appuiera une Constitution démocratique.
C'est une nouvelle ère caractérisée par le partage des pouvoirs entre le Roi et un gouvernement représentatif. Les règles du jeu sont désormais claires. Le Premier ministre ne sera issu que d'un processus électoral où son parti gagne le scrutin. La méthodologie démocratique est ainsi consacrée en loi inébranlable. Fini le suspense qui caractérisait le processus électoral. Nous sommes entrés de plain-pied dans la démocratisation».
Mbarka Bouayda (RNI) : «Un discours historique»
«C'est un discours historique. Je dirais même qu'il s'agit d'un discours émouvant. Une fois de plus, le Maroc démontre qu'il est capable de s'adapter et d'aller plus vite quand il veut. Il faut que tous les acteurs politiques et associatifs saisissent l'occasion pour réussir le ‘'projet Maroc'' qui est en train de se construire. La régionalisation est pour moi l'élément catalyseur qui devait déclencher toutes les réformes annoncées.
Ce projet vient notamment pour renforcer et créer plus d'égalité entre les régions marocaines.
Sa Majesté le Roi l'a bien dit d'ailleurs dans son discours, le Maroc n'a pas besoin de régions à plusieurs vitesses. L'égalité entre les régions va renforcer plus notre pays. Un Maroc pluriel auquel on aspire tous».
Nabil Benabdellah (PPS) : «Un discours marqué d'une audace indéniable»
«C'est un discours historique marqué d'une grande vision politique et d'une audace indéniable. C'est un discours qui marque un tournant incontournable dans la vie démocratique et institutionnel du pays. Au PPS, nous ne pouvons qu'exprimer notre satisfaction aussi bien sur la question de la régionalisation que sur la question de la réforme constitutionnelle. Le discours royal exprime fortement les revendications qui étaient les nôtres. C'est une avancée majeure pour la démocratie dans notre pays. La réforme de la Constitution permettra au Maroc d'opérer un saut qualitatif fondamental sur la base d'une séparation des pouvoirs, d'un renforcement du rôle et prérogatives du Premier ministre et du gouvernement, d'un élargissement du pouvoir du Parlement, d'une indépendance de la Justice, de l'adoption du référentiel international des droits de l'Homme et de la reconnaissance du pluralisme culturel et de la dimension amazighe. Nous contribuerons au débat et à la méthodologie adoptés par Sa Majesté le Roi à travers la commission chargée de préparer le nouveau texte de la Constitution. Il nous reste de veiller à ce que toutes les composantes de la nation adhèrent profondément à ce saut qualitatif».
Kamal Lahbib, société civile : «Il ne faut pas avoir peur du débat contradictoire»
Pour l'acteur associatif Kamal Lahbib, il faudra retenir le principe de la réforme de la Constitution. Pour lui, il s'agit d'une réponse aux attentes d'une grande frange du tissu sociétal marocain. Encore que, estime notre interlocuteur, le débat devra porter sur le contenu, notamment de la régionalisation ou encore de la question des attributions de la deuxième Chambre. Il retient, également, et notamment en tant que société civile, l'introduction du principe de la protection des droits de l'Homme. De même que K. Lahbib, tout en relevant l'importance de l'élargissement des prérogatives du gouvernement en général, et du Premier ministre en particulier, qui devront être issus des urnes, tout dépendra de la manière. Et là, l'acteur associatif en appelle à l'ouverture d'un débat démocratique, dans le respect des intérêts suprêmes de la nation. En revanche, il estime qu'il ne faut pas avoir peur du débat contradictoire, bien au contraire. Mais dans la sérénité, sans contraintes et avec l'audace qu'il faut.
Abdelali Mastour, société civile : «L'heure est à la mobilisation»
Contacté, le président du Forum de la Citoyenneté, Abdeali Mastour, est sans ambages. Pour lui, «le discours de S.M. le Roi est au diapason de la phase historique et répond aux attentes du peuple marocain en général et la jeunesse en particulier». D'autant plus, relève A. Mastour, que le discours royal est l'expression d'une interactivité permanente entre l'institution monarchique et les aspirations de la société dans son ensemble. Il s'agit, aussi, insiste notre interlocuteur, d'un discours qui annonce le lancement du grand chantier de la réforme constitutionnelle, qui constitue une entrée en la matière pour un nouveau pacte social. A. Mastour va encore plus loin en rappelant la formule de feu Sa Majesté Mohammed V, en indiquant que «nous sommes rentrés dans le grand Jihad ». Ce qui, à ses yeux, invite toutes les composantes de la société à s'impliquer davantage pour réussir ce nouveau tournant dans l'histoire du pays. Maintenant, il est clair qu'il va falloir élaborer les contenus des réformes, en étant au diapason de la dynamique globale que connaît la société marocaine, note-t-il. Et de conclure que «l'heure est à la mobilisation». A. Mastour ajoute que les médias publics auront un grand rôle à jouer et qu'ils devront en être conscients et agir en conséquence.
SOURCE : lematin.ma
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