Le Maroc doit créer plus d'emplois pour les jeunes

[le Figaro] Six ministres du gouvernement marocain accompagnés d'une importante délégation de chefs d'entreprise marocains ont rencontré ce matin à Paris des entrepreneurs français réunis par le Medef. Ahmed Reda Chami, ministre de l'industrie, du commerce et des nouvelles technologies, qui a participé à cette rencontre, explique pourquoi le Maroc accélère les réformes.




Le Roi Mohammed VI a annoncé le 9 mars une réforme importante de la constitution. Le Maroc va-t-il accélérer les réformes?

Ahmed Reda Chami.Je l'ai écrit juste après le discours sur ma page Facebbok. Je suis convaincu que le 9 mars est déjà une date historique. Sa Majesté a ouvert la voie et énoncé des principes forts et courageux. Notre responsabilité est d'utiliser cette dynamique pour accélérer les réformes politiques, économiques et sociales car la réforme de la constitution est certes un acquis mais surtout un point de départ. D'un autre côté, nous devons être capables de créer plus d'emplois plus rapidement pour répondre au chômage des jeunes.

Nous allons poursuivre nos réformes sociales sur la retraite, la couverture médicale. Il y a aussi beaucoup à faire pour réformer l'administration, la justice et l'éducation nationale.

Les efforts accomplis dans le cadre de l'initiative nationale pur le développement humain sont importants pour apporter l'eau, l'électricité, l'éducation aux populations les plius éloignées et les plus démunies. Nous encourageons, pour ces populations là, depuis deux ans le développement de véritables activités génératrices de revenus. Par exemple, une coopérative dans le sud a développé des produits autour de la figue de barbarie.

Nous sommes décidés à aller de l'avant. Nous mettons en place une couverture sociale pour 300 000 transporteurs. Nous allons faire la même chose pour les commerçants, les artisans. Nous lançons une réforme sur les médicaments pour que leur prix baisse. Nous allons permettre à des investisseurs privés d'investir dans la santé pour permettre à nos médecins de jouer pleinement leur rôle dans la société sans l'entrave du capital.

Comment expliquez-vous la révolte qui touche plusieurs pays arabes? 


Il n'existe pas d'exception arabe. Les peuples ne veulent plus de dictateurs. Mais le Maroc est différent à certains égards. Il faut bien comprendre la spécificité de notre pays. La monarchie a une véritable légitimité depuis que Feu Sa Majesté Le Roi Mohammed V a préféré la patrie au pouvoir.

Sa Majesté Le Roi, depuis son accession au trône, a engagé d'importantes réformes économiques, sociales et politiques. Il se déplace souvent dans tout le pays pour suivre la réalisation des projets et, bénéficie d'une grande popularité auprès du peuple marocain. Il existe également un grand espace de liberté au Maroc. Les ONG, les partis, la presse, les citoyens peuvent s'exprimer, manifester, affirmer leurs opinions. Cet espace de liberté est le résultat de luttes menées par des hommes et des femmes dans les années 70 et 80.

Les manifestations du 20 février se sont déroulées pacifiquement. La police est peu intervenue. Les manifestants demandaient plus d'emplois, disaient non à la corruption. Mais il n'y avait aucun slogan contre Sa Majesté Le Roi. Et la jeunesse marocaine croit en l'avenir de son pays comme l'a montré un récent sondage réalisé par l'IFOP sur la jeunesse dans le monde. Ceci montre combien la situation politique est différente au Maroc et cela vient d'être encore démontré par Sa Majesté le 9 mars.

L'Europe peut-elle jouer un rôle dans la mise en place des réformes?

La statut avancé que nous avons signé avec l'Europe nous impose des droits et des devoirs. Il nous impose de réaliser des progrès en matière de droits de l'homme, de justice, de normes industrielles, de défense des consommateurs. Et c'est ce que nous faisons.

Les investisseurs gèlent-ils leurs investissements?

Non. Un seul investisseur allemand a décidé de geler son projet. Par contre deux entreprises respectées dans le secteur de l'aéronautique, Mecaform et Electrolyse, viennent de signer une convention d'investissement.

Avez-vous constaté un ralentissement des investissements étrangers en 2010? 


Non. 2010 a été une bonne année. Nous avons réalisé une croissance de 24% par rapport à 2009. Nous avons attiré beaucoup d'investissements espagnols. Les Japonais ont renforcé leur présence. Un groupe japonais qui emploie 14 000 personnes dans cinq usines, est le premier employeur industriel du Maroc. Il va construire deux nouvelles usines et emploiera 20 000 personnes à la fin de l'année. Nous sommes donc dans une bonne dynamique.

Il faut que les investisseurs comprennent que le Maroc joue le même rôle vis à vis de l'Europe que le Mexique vis à vis des Etats-Unis. Notre pays est une solution au manque de compétitivité de l'industrie française grâce à la co-localisation. Une entreprise française pourra créer plus d'emplois en France parce qu'elle est implantée au Maroc. Selon moi, le côté économique de l'Union pour la Méditerranée devrait se centrer sur le co-développement qui, traduit opérationnellement, s'appelle de la co-localisation.

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