l'Express : Les politiques approuvent les réformes du roi, mais attendent de voir

[L'Express] AFP : RABAT - Les réformes démocratiques annoncées par le roi Mohammed VI mercredi soir étaient considérées par nombre de Marocains comme un un bon départ jeudi, mais certains préféraient attendre de mieux connaître le contenu du "grand chantier" qui sera soumis à référendum dans quelques mois.

"C'est un discours historique, un grand chantier dont les attentes sont importantes", a estimé Saad Eddine Othmani, député et membre dirigeant du parti islamiste Justice et développement (PJD, opposition parlementaire).

"Il répond aux attentes des jeunes, de la société civile et des partis, notamment le notre, le PJD", a-t-il indiqué.

"Le discours m'a plu par sa rigueur et sa construction intellectuelle. Il n'a éludé aucune question. Je crois que le roi s'est hissé à la hauteur des circonstances", a déclaré à l'AFP l'homme d'affaires casablancais Karim Tazi.

"Le champ est maintenant ouvert, tout est négociable. C'est un bon départ", a-t-il ajouté.

Dans son discours télévisé en arabe à la nation, le roi Mohammed VI, vêtu d'un costume occidental, a annoncé notamment un renforcement du Premier ministre, qui sera issu du parti arrivé en tête des élections, et l'"élargissement des libertés individuelles".

Le monarque chérifien a énuméré sept fondements de ses réformes démocratiques, dont la reconnaissance de la composante berbère "amazigh", "la volonté d'ériger la justice en pouvoir indépendant", le rôle des femmes, et la régionalisation du pays.

L'Union socialiste des forces populaires (USFP), membre de la coalition gouvernementale, s'est aussi "félicitée du contenu du discours". "C'est une révolution tranquille et un véritable projet de société du Maroc du XXIe siècle", a estimé son premier secrétaire Abdelouahed Radi, président de la première Chambre du parlement.

"Le Maroc entre dans la modernité politique par la grande porte. Le royaume restera à l'avant-garde du monde arabo-musulman", a ajouté M. Radi.

Plutôt satisfait, Rachid, un étudiant de 22 ans, relève des lacunes. "Beaucoup de Marocains ont accueilli positivement ce discours, mais le roi n'a pas évoqué les réformes concrètes comme la lutte contre la corruption dans les sphères du pouvoir, les injustices sociales et l'inégalité des chances dans l'accès aux postes administratifs qui sont accaparés par quelques familles".

"Nous voulons que la compétence soit l'unique critère et non la proximité vis-à-vis du pouvoir", a-t-il déclaré en allusion à des critiques dans la rue au Maroc contre la main-mise de personnes proches du palais sur des projets économiques.

Il s'agissait de la première intervention publique de Mohammed VI depuis les manifestations dans plusieurs villes du Maroc le 20 février, à l'initiative de jeunes réclamant plus de démocratie et moins de corruption. Ces manifestations, ayant fait 6 morts, doivent être suivis de nouveaux défilés le 20 mars.

Mais la contestation au Maroc est loin d'avoir eu l'ampleur de celle qui a secoué une grande partie du monde arabe, depuis janvier en Tunisie, et entraîné des changements de régime à Tunis et au Caire.

D'autres acteurs, notamment de la société civile, préfèrent attendre les propositions qui seront faites au roi en juin pour la réforme constitutionnelle soumise à un référendum, dont la date n'a pas encore été fixée.

"Nous préférons attendre les propositions de la commission", souligne Khadija Ryadi, présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH).

"Nous remercions les jeunes du 20 février qui ont atteint certains de leurs objectifs, même si beaucoup reste à faire", a ajouté Mme Ryadi.

Le président de la commission chargée par le roi de préparer le projet de réformes, Abdeltif Menouni, a déclaré jeudi à la presse: "nous n'allons pas nous contenter d'écouter. On va se concerter avec les associations, les partis mais aussi avec les jeunes".

Par AFP


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