Révolte arabe: les présidents qui voulaient devenir rois écartés, les monarques restent


[le Point] Les révoltes arabes ont emporté des présidents et en menacent d'autres, mais les monarques semblent pour le moment résister au vent de réformes qui souffle de l'Afrique du Nord au Golfe.
Révolte arabe: les présidents qui voulaient devenir rois écartés, les monarques restent
Le premier à tomber fut Zine El Abidine Ben Ali, en Tunisie, 
suivi de Hosni Moubarak, en Egypte. Et aujourd'hui, le
président Ali Abdallah Saleh, au Yémen, est la cible de la colère
 demanifestants qui exigent son départ
Pour des analystes de la région, ce paradoxe s'explique par les tentations dynastiques des chefs d'Etat écartés et par la légitimité encore préservée des souverains qui se maintiennent au pouvoir.
"Il est clair que les premiers à avoir été dans la ligne de mire de la contestation politique ont été les présidents", souligne un expert du Brookings Institute à Doha, Salman Shaikh.
Le premier à tomber fut Zine El Abidine Ben Ali, en Tunisie, suivi de Hosni Moubarak, en Egypte. Et aujourd'hui, le président Ali Abdallah Saleh, au Yémen, est la cible de la colère de manifestants qui exigent son départ.
"Les gens se sont révoltés contre des régimes présidentiels qui voulaient se transformer en familles royales", explique Moustapha Alani, du Centre de recherches sur le Golfe à Dubaï. De fait, MM. Ben Ali et Moubarak avaient l'ambition d'adouber un membre de leur famille comme successeur et M. Saleh n'avait pas caché, jusqu'à récemment, son souhait de voir son fils prendre sa place.
Cette transmission de pouvoir dynastique, en principe étrangère au régime républicain, a permis au président syrien Bachar al-Assad de succéder en 2000 à son père Hafez. Et aujourd'hui le régime de Damas doit, lui aussi, faire face à un début de contestation.
En Algérie, le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 12 ans, est confronté à une opposition croissante qui lui reproche d'agir en potentat. Il prévoit de briguer un nouveau mandat de cinq ans en 2014 et de tout faire pour l'emporter.
En Libye, une rébellion armée, avec le soutien de pays occidentaux et arabes, tente de mettre fin au règne de plus de 40 ans d'un leader autoritaire, Mouammar Kadhafi, dont le fils Seif Al-Islam apparaissait comme l'héritier désigné.
"Les gens se révoltent aussi contre des dirigeants arrivés au pouvoir comme des révolutionnaires et qui sont devenus à la longue des tyrans", souligne Jamil Mroué, journaliste et commentateur, basé à Abou Dhabi. Outre la colère des peuples, l'intervention des armées qui se sont rangées en Tunisie, en Egypte et partiellement au Yémen aux côtés des manifestants est apparue essentielle pour que ces dérives monarchiques soient contrées.
Les monarchies comme le Maroc, la Jordanie ou les royaumes pétroliers du Golfe ont, elles, mieux résisté aux mouvements de colère populaire et les armées qui défendent ces régimes n'ont pas montré de signe de nervosité. A Bahreïn, la contestation de la dynastie sunnite par des manifestants chiites a été réprimée lorsque les exigences des protestataires à plus de participation politique se sont transformées en appels à la chute de la royauté.
"Les monarchies bénéficient d'une plus grande légitimité et d'une plus grande stabilité, liées à leur ancrage dans des sociétés traditionnelles", assure M. Shaikh.
En outre, le processus de transmission du pouvoir, même s'il est opaque et souvent l'objet de tractations internes, n'est pas remis en cause. "Un roi a le droit de transmettre le pouvoir à son fils ou à son frère", commente M. Ani. Pour autant, ajoute-t-il, "les monarques, s'ils veulent survivre, doivent conduire des réformes. Leur légitimité historique ne les protégera pas toujours."
Les monarchies du Golfe bénéficient d'un atout supplémentaire, estime M. Shaikh, face à la nécessité de se réformer: l'Occident, et en premier lieu les Etats-Unis, ne cherchera pas à précipiter les événements. "En terme de pétrole et de ressources énergétiques, il y a trop d'intérêts en jeu", assure-t-il.

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