Maroc : réformer le pays, le défi du gouvernement Benkirane


(Atlantico 06/01/2012) 

Mohammed VI a appelé Abdelilah Benkirane, leader du Parti de la Justice et du Développement, vainqueur des urnes, à former le nouveau gouvernement. Ce dernier, à la tête d'un exécutif issu d'une coalition, doit désormais faire face aux attentes des Marocains.

Un mois après les élections législatives au Maroc, Le roi Mohammed VI vient de nommer un gouvernement dirigé par l’islamiste modéré Abdelilah Benkirane. Ce dernier, à la tête d’un exécutif issu d’une coalition, doit désormais faire face à des attentes très importantes de la part des Marocains, notamment en termes économiques. 

Selon les observateurs de la chose politique au Maroc, c’est un véritable gouvernement "de mission" qu’a nommé le roi Mohammed VI dans l’après midi de mardi à Rabat. Fruit de tractations intenses entre les partis de la majorité et fort de trente membres (dont 80% exercent pour la première fois une responsabilité gouvernementale) le nouvel exécutif du Royaume Chérifien aura pour lourde tâche de répondre à une demande de réforme vivace. Sa marge de manoeuvre s’annonce cependant étroite sur fond de crise économique chez les partenaires traditionnels du Maroc que sont les pays de l’Union Européenne. 

D’ailleurs, Abdelilah Benkirane ne s’y est pas trompé puisque ses premières déclarations après la formation du gouvernement ont été empreintes de "Realpolitik" , tranchant nettement avec l’emphase de ses promesses électorales. Le leader islamiste modéré a ainsi appelé à une intensification des investissements, qu’ils soient "intérieurs ou extérieurs" et a également tenu à rassurer sur la continuité des engagements de l’Etat marocain. Cette inflexion du discours de M. Benkirane vers le terrain économique marque, à n’en pas douter, son entrée véritable dans son habit de chef de gouvernement. A cet égard, les promesses politiques d’hier semblent désormais devoir être tempérées à l’aune des circonstances économiques et des prégnances budgétaires.

Néanmoins, le chef de gouvernement pourra compter sur une croissance économique relativement forte qui devrait se situer au niveau des 4% en 2012. Ceci devrait permettre d’amortir en partie le choc issu de la décélération de l’économie mondiale. D’autre part, Abdelilah Benkirane sait qu’il pourra compter dans son équipe sur des hommes d’expériences, tels le ministère des finances qui a échu à l’Istiqlalien Nizar Baraka ou l’agriculture pour l’homme d’affaires Aziz Akhannouch. Face à une administration marocaine aux comportements parfois baroques, ces soutiens ne seront pas de trop pour faire face aux multiples écueils qui se dressent devant le leader islamiste.

A n’en pas douter, l’amélioration de la gouvernance et la lutte contre la corruption seront les premiers défis à relever. Ils constituent en effet le socle d’un programme de gouvernement d’où découle logiquement l’ensemble des autres réformes. Or, au delà des déclarations d’intentions, M. Benkirane devra en priorité imaginer les instruments qui lui permettront de faire bouger la technostructure administrative. Cette dernière -dotée d’une formidable capacité de résistance au changement - doit être convaincue et motivée afin de participer aux réformes, au risque d’en devenir l’entrave principale.

Pour ce faire, les experts économiques estiment que le nouveau gouvernement doit prendre à bras le corps certains dossiers considérés au Maroc comme des "serpents de mer". Parmi ces derniers, les plus emblématiques sont la compensation des produits de première nécessité et du carburant, l’absence de convergence sectorielle entre les différents plans nationaux ou encore l’élargissement de l’assiette fiscale. Sauf à être traités sous cent jours, ces questions épineuses devront probablement attendre des jours meilleurs… ou le prochain exécutif.

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Source : africatime

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