(Le Matin) : Le monde arabe est un monde, le Maghreb arabe en est une composante essentielle. Et le Maroc et l'Algérie en constituent une particularité. Enfin, la géopolitique en fait des voisins incontournables. D'autant plus que l'histoire, la culture, la langue, la religion concourent objectivement à un positionnement commun. Les historiens, les stratèges et les politiques ne se lassent pas de mettre en exergue une communauté de destin des peuples du Maroc et de l'Algérie. Si de nos jours, le rêve de réaliser une unité quelconque leur paraît à jamais éloigné, ils ne désespèrent nullement que dans un avenir toujours proche les deux peuples retrouvent le chemin d'une entente apaisée. Depuis la conférence organisée en avril 1958 à Tanger par les partis nationalistes du Maghreb, le projet de construction d'un ensemble maghrébin a reposé sur le socle Maroc-Algérie.
Le soutien du Royaume à la lutte de libération du peuple algérien ne s'est jamais démenti jusqu'à l'indépendance en juillet 1962. Mieux, il s'est accentué au-delà de cette date dans l'esprit d'un soutien logique pour la construction d'une Algérie que huit ans de guerre avait rendue exsangue. Les dirigeants algériens, des plus importants aux moins connus, fussent-ils Ben Bella, Houari Boumediene et Abdelaziz Bouteflika, avaient pignon sur rue, à Oujda notamment, où s'était organisé un front de résistance à l'armée française. A telle enseigne que celle-ci entendait en découdre avec les résistants algériens sur le territoire marocain même.
Le soutien du Royaume à la lutte de libération du peuple algérien ne s'est jamais démenti jusqu'à l'indépendance en juillet 1962. Mieux, il s'est accentué au-delà de cette date dans l'esprit d'un soutien logique pour la construction d'une Algérie que huit ans de guerre avait rendue exsangue. Les dirigeants algériens, des plus importants aux moins connus, fussent-ils Ben Bella, Houari Boumediene et Abdelaziz Bouteflika, avaient pignon sur rue, à Oujda notamment, où s'était organisé un front de résistance à l'armée française. A telle enseigne que celle-ci entendait en découdre avec les résistants algériens sur le territoire marocain même.
Deux ans seulement avaient séparé le déclenchement par le FLN algérien de la lutte armée en novembre 1954 de la libération du Maroc en novembre 1955. Tout de suite après l'indépendance de notre pays, la résistance algérienne avait trouvé refuge et soutien sur notre territoire, qui lui servait d'arrière-base et où elle se procurait des soutiens en tous genres : des initiatives populaires simples jusqu'aux financements divers et à l'octroi d'armes pour combattre. Pendant près de huit ans, le peuple marocain a partagé, en effet, les souffrances et les affres de la guerre que le peuple algérien a endurés. Non qu'il faille aujourd'hui plonger dans le remord rétrospectif, mais la réalité politique de l'époque-transfigurée plus tard par de sordides calculs de puissance-soulignait que les deux peuples, marocain et algérien, étaient d'autant plus soudés que nulle difficulté, quelle qu'elle fut, ne pouvait entraver leur relation.
Le Roi Mohammed V était visionnaire, il s'était interdit formellement de faire pression sur le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) que dirigeait Farhat Abbès pour réclamer nos territoires du sud-est marocain annexés par la France à l'Algérie. Il avait décidé d'isoler les questions territoriales du contexte de l'époque et proclamé notamment sa volonté de ne les soulever qu'une fois ce pays frère devenu indépendant et son peuple libre.
L'Histoire en a fait autrement du rêve commun de construction d'un ensemble géopolitique cohérent, uni et solidaire. La politique a ensuite fait le reste, enterrant et le rêve et l'espoir que le projet puisse renaître de ses cendres.
La question du Sahara continue de constituer la principale pomme de discorde entre le Maroc et l'Algérie, on ne saurait pourtant trop dire qu'elle aurait dû être réglée en son temps, au lendemain de la décolonisation, dans le cadre d'un consensus juridique et politique. Une telle solution devait être finalisée dès 1956 entre le Maroc et l'Espagne qui n'avait pas entériné le parachèvement de l'intégrité territoriale du Maroc et avait préféré garder le Sahara sous sa tutelle. Ensuite, seule une entente entre le Maroc et l'Algérie pouvait déboucher sur un accord élargi au niveau maghrébin, prescrivant le projet d'intégration avec la Mauritanie, la Tunisie et la Libye. Si l'accord signé à Marrakech le 17 février 1989 a constitué une étape cruciale de construction du Maghreb, il est demeuré lettre morte, pour cause du conflit du Sahara et donc de la tension maroco-algérienne qui en est le nœud gordien.
La relation entre le Maroc et l'Algérie a pâti d'un conflit artificiel depuis 1975, elle n'est pas prête de s'améliorer, mais elle n'est jamais en revanche condamnée à être figée. Les générations de dirigeants, aussi bien au Maroc qu'en Algérie, changent et la dimension du conflit n'a pas changé pour autant. Sa Majesté Mohammed VI s'est rendu en Algérie en mars 2008 et a mis sur les rails une nouvelle vision avec le président Abdelaziz Bouteflika. Rien n'est apparu si moins sûr…Autant le Maroc a élaboré une proposition dynamique pour régler le problème, autant l'Algérie est restée caparaçonnée dans son mythe. Pourtant, on se prend à rêver que vingt ans de frontières fermées, un « Mur de Berlin » cadenassé, une méfiance sans commune mesure, pourraient simplement sauter un jour pour laisser place à la liberté et à la créativité.
La région ne connaîtra la stabilité totale souhaitée qu'une fois le conflit du Sahara réglé. Ce conflit a vraisemblablement donné naissance à un Maroc nouveau, lui imposant de nouvelles responsabilités régionales et internationales, lui fixant de nouveaux défis et le plongeant dans une compétition sans précédent. Parce que la colonisation a fait pression sur le Maroc, il a été enclin à forger une économie et une expansion à partir de l'Atlantique. A présent, sa vocation est de se tourner à la fois vers les autres pôles et vers l'Europe. Le choix du Maghreb est une option stratégique, celui d'une relation apaisée avec l'Algérie un impératif catégorique. Il y va de la prospérité économique, de la liberté de circuler, comme aussi des politiques de sécurité, de lutte contre le terrorisme. Non qu'il s'agisse d'une relation « privilégiée » selon la formule consacrée, mais une relation raisonnée, stable et constructive, une relation politique et humaine…
La relation entre le Maroc et l'Algérie a pâti d'un conflit artificiel depuis 1975, elle n'est pas prête de s'améliorer, mais elle n'est jamais en revanche condamnée à être figée. Les générations de dirigeants, aussi bien au Maroc qu'en Algérie, changent et la dimension du conflit n'a pas changé pour autant. Sa Majesté Mohammed VI s'est rendu en Algérie en mars 2008 et a mis sur les rails une nouvelle vision avec le président Abdelaziz Bouteflika. Rien n'est apparu si moins sûr…Autant le Maroc a élaboré une proposition dynamique pour régler le problème, autant l'Algérie est restée caparaçonnée dans son mythe. Pourtant, on se prend à rêver que vingt ans de frontières fermées, un « Mur de Berlin » cadenassé, une méfiance sans commune mesure, pourraient simplement sauter un jour pour laisser place à la liberté et à la créativité.
La région ne connaîtra la stabilité totale souhaitée qu'une fois le conflit du Sahara réglé. Ce conflit a vraisemblablement donné naissance à un Maroc nouveau, lui imposant de nouvelles responsabilités régionales et internationales, lui fixant de nouveaux défis et le plongeant dans une compétition sans précédent. Parce que la colonisation a fait pression sur le Maroc, il a été enclin à forger une économie et une expansion à partir de l'Atlantique. A présent, sa vocation est de se tourner à la fois vers les autres pôles et vers l'Europe. Le choix du Maghreb est une option stratégique, celui d'une relation apaisée avec l'Algérie un impératif catégorique. Il y va de la prospérité économique, de la liberté de circuler, comme aussi des politiques de sécurité, de lutte contre le terrorisme. Non qu'il s'agisse d'une relation « privilégiée » selon la formule consacrée, mais une relation raisonnée, stable et constructive, une relation politique et humaine…
SOURCE : lematin.ma
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