Maroc: le roi Mohammed VI répond à la rue

[l'Express] La réforme constitutionnelle annoncée était l'une des principales revendications des manifestants. C'est un tournant. 


Maroc: le roi Mohammed VI répond à la rue
Le roi Mohammed VI a annoncé mercredi soir dans un discours à la nation
 marocaine qu'un "projet" de nouvelle constitution serait soumis prochainement
 à un "référendum populaire". 
     afp.com/Abdelhak Senna
S'il n'a fait aucune allusion aux manifestations de ces dernières semaines, le roi Mohammed VI n'en a pas moins répondu mercredi soir, en annonçant dans son discours à la nation, une réforme constitutionnelle, à l'une des principales revendications de la rue. 

Renforcement du statut du Premier ministre nommé au sein du parti arrivé en tête des élections, renforcement de l'état de droit, indépendance de la justice: les grandes lignes de la future réforme, qui sera élaborée par une commission et soumise à référendum vont clairement dans le sens de ce qui était demandé par les manifestants du 20 février et par une partie de la classe politique.[Lire à ce sujet les éclairages des chercheurs Pierre Vermeren et Mohamed Tozy.


Le Maroc ira-t-il vers une véritable monarchie parlementaire? Peut-être pas, ou pas encore. Mais le discours royal rompt clairement avec le concept de monarchie exécutive défendu jusqu'ici par le Palais. 

Cette décision du souverain intervient alors qu'une nouvelle série de manifestations étaient annoncée pour le 20 mars. Le 20 février les "marches pour un autre Maroc" avaient réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans une cinquantaine de villes du royaume. Ce sont des jeunes facebookers qui sont à l'origine de ce mouvement mais leurs revendications étaient largement relayées ces dernières semaines par une partie de la gauche et des islamistes. 

"La révolution est en marche"

L'idée d'un rééquilibrage des pouvoirs institutionnels au Maroc n'est pas neuve. Elle figurait déjà au programme de l'USFP, le grand parti de la gauche gouvernementale, à l'époque d'Hassan II. Elle avait été ensuite remisée, au début du règne. Depuis quelques mois, plusieurs dirigeants de ce parti militaient pour qu'elle revienne sur le devant de la scène. Du côté des islamistes, ce sont ceux d'Ald Wal Ihsan, non représentés au parlement, qui étaient les plus présents dans les manifestations. Mais au PJD des voix s'étaient fait entendre qui prônaient également le soutien du mouvement. 

Le roi a incontestablement senti qu'il lui fallait intégrer l'air du temps, et ce nouveau printemps arabe. "La révolution est en marche. Viendra-t-elle de vous ou se fera-t-elle contre vous? Si elle vient de vous, il faudra donner l'exemple et guider le peuple sur la voie de la liberté, la justice sociale et la démocratie (...) Si vous voulez continuer à faire de la simple figuration, la révolution se fera alors contre vous", écrivait, dans une tribune récemment publiée par le quotidien Le Monde l'écrivain et opposant de toujours Abdelhak Serhane. 

Mohammed VI semble avoir compris qu'il avait tout intérêt à reprendre la main. Il le peut aussi parce qu'il bénéficie d'une vraie légitimité et d'une réelle affection de son peuple. 

Reste à savoir jusqu'où il est prêt à aller sur le chemin de la réforme. Les manifestants du 20 février pointaient aussi du doigt, à travers leurs slogans, le rôle de certains proches du roi, accusés de s'être approprié l'Etat, ainsi que l'engagement de la monarchie dans les affaires.


Par Dominique Lagarde

SOURCE : lexpress.fr




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