(le Soir-Echos) : L’accord agricole n’est pas encore sorti de la spirale des retards. Cette fois, c’est le Parlement européen qui en est responsable.
L’entrée en vigueur du nouvel accord agricole risque d’accuser encore du retard. La perspective de le voir concrétisé pour le second trimestre de cette année s’éloigne et le scenario des interminables atermoiements et palabres se dessine déjà à l’horizon. La teneur du dernier rapport des services juridiques du Parlement européen (PE), rendu public le 3 février et qui appelle la Commission européenne à fournir des éclaircissements sur l’impact de l’élargissement dudit accord sur la population du Sahara, a poussé le Parlement européen à montrer peu d’enthousiasme à accélérer l’examen des clauses de cet accord.
L’agence EFE souligne que le Français José Bové (Verts), chargé de l’élaboration d’un rapport sur justement cette sensible question, a décidé de prendre tout son temps en attendant que la Commission européenne réponde par écrit aux questions des euro-députés. Un retard qui résonne comme une victoire pour le lobby espagnol et dans une moindre mesure pour les pro-Polsario au sein du Parlement européen. Les intérêts des deux parties convergent, en effet. Les deux ont mené conjointement une forte offensive contre la signature de cet accord. Et les deux ont concentré leurs mobilisation sur le Parlement européen. Le feu vert de Strasbourg est une condition sine qua non à toute convention économique ou politique entre les Vingt sept et des pays tiers. Une tactique qui semble, au moins pour le moment porter ses fruits.
La nouvelle de cet ajournement a été accueillie avec satisfaction au sein des euro-députés espagnols. Le Parti Popular souhaite, dans un communiqué, que ce retard est «positif». Une occasion pour la Commission européenne d’«évaluer l’accomplissement de l’actuel accord et l’impact de son élargissement sur les producteurs européens». Le prétexte du Sahara passe à la trappe. La droite comme la gauche en Espagne sont dans l’ensemble hostiles aux augmentations des contingents de certains produits agricoles marocains qui entrent sur le marché européen. Sur le Maroc, les deux adoptent le même discours, les clivages politiques disparaissent.
Vision étriquée
L’accord agricole profite également aux agriculteurs européens. Le Maroc est tenu d’ouvrir son marché à hauteur de 45% dès son entrée en vigueur et 70% dans les prochaines dix années.
Pour mémoire, le 13 décembre dernier, à l’occasion de la réunion mixte Maroc-Union européenne chargée du suivi de l’accord d’association, il a procédé à la ratification d’un nouvel accord agricole. Un acte qui a mis un terme à des mois d’atermoiements de la part de l’UE. Et pour cause depuis le 17 décembre 2009, Rabat et Bruxelles ont convenu d’augmenter le contingent de certains produits agricoles marocains écoulés sur le marché des Vingt sept.
Ce retard annoncé, confirme encore une fois, que le Maroc manque terriblement de solides relais au sein du Parlement européen. La résolution de novembre dernier condamnant Rabat pour le démantèlement du camp de Gdeim Izik et la pression sur le renouvellement de l’accord de pêche, sont des exemples saillants de cet état des choses. La diplomatie parlementaire ainsi que l’officielle n’arrivent toujours pas à se constituer des porte-paroles des intérêts marocains au sein du PE. ◆
Les Espagnols grands perdants
Accord de pêche et son pendant agricole, deux dossiers otages des caprices des Euro-députés. Le Maroc n’est pas le seul perdant sur les deux tableaux. Sur la pêche, l’Espagne a tout à gagner d’un renouvellement voire même d’une prorogation de l’actuel accord qui expire le 27 février. Une date qui sonnera la fin de travail pour des milliers d’Espagnols. Des estimations les chiffrent à 10.000 postes emploi directs et indirects. L’Union européenne perd, également. Bruxelles devra passer à la caisse et dépenser des millions d’euros en guise de compensation pour les sans-emplois. L’UE l’avait déjà fait de 1999 à 2007, avec une seule différence de taille : les finances ne sont plus au vert comme auparavant.
MOHAMED JAABOUK
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