[Le Soir-Echos] A l’épreuve de l’effet 20 février, l’activité commerciale subit des pertes consécutives. Par crainte de ce que leur réservent les prochains jours, les ménages se serrent la ceinture.
L’effet 20 février n’a pas encore épuisé ses cartouches. Par crainte de ce que leur réservent les prochains jours, les ménages se serrent la ceinture, provoquant comme conséquence immédiate et directe la contraction de l’activité commerciale. Pour s’en rendre compte, une simple visite dans le centre névralgique du commerce de Casablanca, à savoir Derb Omar, suffit pour remarquer que la machine tourne à temps partiel. Idem pour la Kissariat Hafari, toujours à Casablanca. À titre de rappel, ce sont ces deux marchés populaires et non organisés, concentrant l’essentiel des activités de gros (habillements, produits alimentaires…) qui approvisionnent et alimentent le marché national.
La tendance baissière n’a pas épargné le secteur des services. Sur ce chapitre et pour ne citer que l’exemple de la location de voitures, celle-ci a vu ses commandes baisser, selon un opérateur de la place. Malheureusement, on ne dispose pas d’estimations sur le niveau du repli affiché. Contacté par le Soir échos, Chakib Ben El Khadir, président de la Fédération du Commerce et Services est resté injoignable.
Ce renversement de tendances trouve son fondement dans un effet purement psychique. Hassan Berkani, président de la Chambre de Commerce, d’industrie et des services de Casablanca confirme que « l’effet psychique y est pour beaucoup». En guise de prévention des aléas futurs, le consommateur marocain revoit à la baisse le budget alloué à la consommation quotidienne, pour renflouer celui dédié à l’épargne. Les soulèvements populaires que connaît le monde arabe ces temps-ci nourrissent les inquiétudes des marocains et l’effet de contagion demeure non négligeable, renforcé par la prévision de nouvelles manifestations ces prochains jours.
L’effet 20 février est-il le seul facteur à l’origine de la régression de l’activité commerciale enregistrée?
Maux endémiques
De l’avis de Berkani qui est aussi vice-président de la Fédération des Chambres marocaines de commerce, d’industrie et de services, tout au long de la période allant de février à fin avril, l’activité commerciale alterne généralement des hauts et des bas. « Mais l’effet 20 février y a apporté son lot de contribution», reconnaît-il.
Dans ce contexte, une large frange des commerçants pâtit en silence. Le secteur souffre de maux endémiques tel « le manque d’encadrement et d’accompagnement. Sans parler de l’absence de toute couverture sociale », pour rependre les termes de Berkani. À ses yeux, il est grand temps de mettre à jour un cadre juridique qui date des années 1960.
« Il faut lever le blocus, pour que les chambres de commerce jouent pleinement leur rôle en tant que force de proposition et ne se contentent plus uniquement de leur rôle consultatif. Ces chambres doivent assumer la responsabilité de représentativité officielle des commerçants, à l’instar de ce qui se passe ailleurs», recommande-t-il. « Laisser le champ libre, ajoute-t-il, risque d’alimenter les abus et les détournements de fonds, comme ce qui se passe actuellement au marché de gros de fruits et légumes de Casablanca ».
A noter enfin que le secteur commercial au Maroc reste largement dominé par l’informel, témoin de fragilité et de vulnérabilité. Et 2011 reste une année charnière. Si réformes devaient être apportées, c’est le moment ou jamais.
0 Commentaires
Ajoutez votre commentaire
Emoji